Avant de partager ma propre expérience du buzz - avec mes deux publications qui ont dépassé les 400.000 vues, ma blague du Black Verdami et mon direct avec le boulanger marseillais -, commençons par les fondamentaux : C’est quoi un buzz ?
Le buzz, c'est la forme moderne de la rumeur et le Graal de tout créateur de contenu : Une publication qui se propage comme une trainée de poudre, multiplie les réactions, génère des partages, crée un tel brasier que les médias s’en font l’écho, les marques vous remarquent, les professionnels se disputent pour vous représenter, vous devenez une référence, un influenceur et finalement, le roi du monde !
Le problème c’est que le buzz ne peut pas être un Graal, une quête, un objectif car il arrive la plupart du temps par combustion spontanée. Vous mettez tout votre cœur à publier du contenu drôle, créatif, pertinent et tout à coup, ça prend. Presque toujours par surprise. Car c’est le bon post, au bon moment, au bon endroit, vu et relayé par les bonnes personnes.
Que faire alors, sachant que vous ne pouvez pas agir sur l’alignement parfait des planètes, que vous n’avez pas de chatte ni de sextape à faire fuiter, que vous n’êtes pas prêt à risquer votre vie pour un selfie et que vous ne faites pas « connu » comme métier ? Il ne reste que vous, votre travail, votre créativité, et la régularité avec laquelle vous les partagez. L’exceptionnel émerge de cette régularité. De façon inattendue. Et souvent d’un post dont vous n’attendiez rien…
Voyons à présent comment le buzz est arrivé à moi. Par Facebook déjà, puisque c’est mon terrain de jeu privilégiée depuis trois ans et demie. Je me suis énormément investi pour avoir une identité visuelle, un contenu amusant, personnel, authentique et faire croître ma communauté. A partir de 2000 abonnés, j’avais une base de viralité potentielle. Très vite, deux types de contenus se sont démarqués : ma blague alsacienne du lundi et mes vidéos de recettes alsaciennes décalées, qui me demandent quasiment un week-end de travail mais peuvent générer jusqu’à 65.000 vues. Cependant, on est encore loin des 400.000 niveau viralité.
Je dépasse une première fois les 400.000 vues avec un post sur le « black Friday alsacien » correspondant pleinement à la cible et au positionnement de ma page. Malgré ma faible audience à l’époque (ma page existait depuis 3 mois à peine), le post est partagé plus de 6.000 fois et j’expérimente un bond significatif dans mes abonnés.
Le vrai buzz arrive trois ans plus tard. Un 14 juillet à Marseille, quand je tombe sur cette boulangerie improbable, décorée de chevaux, tenue par un boulanger à catogan arborant sur son marcel l’inscription « mi-homme, mi-cheval ». Je lui propose un direct et on part dans un délire sur l’histoire de sa boulangerie, de sa passion des chevaux, des spécificités de la boulangerie marseillaise par rapport aux spécialités alsaciennes, etc…
C’est filmé à l’arrache, à la va comme je te pousse, en mode selfie, sans perche (je venais de découvrir les vertus du direct sur Facebook...), bref, du « Quick & Dirty » dans toute sa splendeur.
Au début rien de particulier ne se passe, puis graduellement je sens que ça prend au-delà du cercle habituel de mes aficionado. A chaque fois que j’allume le téléphone, j’ai des milliers de vues en plus, des commentaires par centaines, des réactions de personnes inconnues… Le premier jour c’est excitant, le deuxième c’est flippant car tu perds le contrôle. Ta vidéo est tellement partagée qu’elle est exposée à des gens qui ne savent pas qui tu es, ne comprennent pas le pourquoi du comment. Inévitablement,
tu attires les haters, les barjots, les rebouteux, les demandes en mariage... Tu ne leur réponds pas, de toute façon t’as pas le temps, quelqu’un d’autre s’en est déjà chargé. Tu es exclu de la conversation. Elle prend vie hors de toi et tu paniques face au monstre virtuel que tu viens de créer.
Et puis petit à petit ça se calme et le feu s’éteint. Au final, que reste-t-il de ce buzz, à part quelques poignées d’abonnés en plus ? Est-ce que sur ces 400.000 personnes qui ont vu ma vidéo, quelqu’un a fini par venir voir mon spectacle ? J’en doute.
C’est ça le buzz : un phénomène accidentel, éphémère, qui ne sert à rien. Le vrai challenge, n’est pas de faire le buzz mais de durer, de fédérer, de générer une action (une présence, un achat, une recommandation...). La création de contenu sur les réseaux sociaux n'est qu'un maillon de la chaîne qui va de l'intérêt initial à l'engagement effectif. En définitive, la vraie question pour un artiste ou un humoriste n’est pas, comment faire le buzz ? Mais comment donner envie aux gens de venir vous voir en vrai ?
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